“Allons sagement et doucement : trébuche qui court vite.” ( William Shakespeare)
Etre à la mode, se ruer sur ce petit pull qui vient de sortir chez Zara de peur que dans 15 jours il ne soit plus là… Se ruer sur la bonne affaire le premier jour des soldes, se ruer sur le code promo car attention dans 24h il ne sera plus valide… C'est fatiguant et peut-être oppressant d'être à la mode non ? Enfin à la mode que la fast-fashion nous impose: un rythme effréné dont l'unique but est économique…
L'individu et son rapport au temps :
Je me suis donc fais la réflexion en pensant aux mécanismes utilisés par la Fast Fashion que la variable la plus importante était le temps :
Il faut se dépêcher de copier la dernière tendance défilé, se dépêcher de l'implanter en magasin, se dépêcher de la refourguer au consommateur qui sait que le temps lui ai compté ( rotation rapide des collections) pour que vite vite on puisse recommencer l'expérience, écouler un maximum de pièces en un minimum de temps pour ce faire un maximum d'argent.
Le pire est que ce n'est pas uniquement l'industrie de la mode qui est concernée par cette temporalité accélérée mais l'intégralité de la société et l'individu est habitué et encouragé à vivre dans ce rythme effréné qui n'a pas le temps de penser remettre en question…
L'immédiateté, l'instantanéité, ne surtout pas perdre de temps, procrastiner, rentabiliser son temps avoir des "journées bien remplies" est très valorisé.
L'individu devient victime d'un rythme qui lui est imposé par la société, une société de consommation qui prône la rentabilité à court terme et n'hésite pas à mettre en scène "l'urgence" pour arriver à ses fins.
Les techniques marketing pour garder le rythme:
Elles servent à "théâtraliser" l'urgence pour que le consommateur "craque" vite, l'incite à revenir souvent pour acheter plus. Cette théâtralisation est matérialisée par des "ventes flash" avec un rabais à un moment précis et des quantités limités : Il faut se dépêcher pour ne pas louper la bonne affaire !
Des code promos à durée limitée avec des relances : Plus de 2 jours pour en bénéficier.
Des tendances fortes très régulière, des pièces "must have" différentes toutes les deux semaines pour que le consommateur suive une mode très évolutive.
Prendre le temps de remettre en question le rythme effréné :
Consommer mieux serait donc jouer avec le temps ?
Je pense que oui et c'est possible à plusieurs niveaux :
-> Prendre le temps de se connaitre : sa morphologie, sa colorimétrie, ses besoins ( des pulls chauds pour l'hiver des shorts car l'été je fais de la rando…), ses envies qui sont elles aussi évolutives au fil du temps ( à 20 ans j'assume bien le crop top à 30 peut être un peu moins j'ai peut être envie de tester l'ensemble tailleur pantalon pourquoi pas !)
-> Prendre le temps de trouver la bonne pièce en fonction de ses envies, son utilité, son budget : J'ai envie d'un blazer pied de poule pour l'automne j'ai plein de solution pour le trouver je peux choisir celui à 49,90 € vu sur tout le monde chez h&m ou me dire ce blazer c'est un intemporel je cherche une création française neuve et je paie le prix ou je peux aussi me tourner vers l'occasion si il est Vintage ça me dérange pas et c'est cool personne n'aura le même.
-> Prendre le temps de porter son vêtement et le faire durer. Le but quand même quand on achète un vêtement c'est de le porter. Rien de pire qu'un vêtement qui dort dans le fond d'un placard. Donc on utilise ce que l'on achète et on privilégie les matières qui tiennent, que l'on sait bien entretenir pour lui donner la vie la plus longue possible.
L'objet de cet article a été pour moi une réflexion autour du rapport au temps dans nos modes de consommation et particulièrement ici la mode. Le rythme qui nous est imposé par la société de consommation favorise l'achat d'impulsion, non raisonné et une surconsommation qui est dommageable pour l'individu lui même qui submergé par tous les stimulis et à du mal à satisfaire ses vrais besoins et se construire un style qui lui est propre mais également pour l'environnement qui pâtit de ces comportements irrationnels que les marques encouragent.
Je vous conseille le livre d’Harmut Rosa
Aliénation et Accélération.
A très bientôt